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Malala Yousafzai , Pakistanaise , l'éducation comme outil de pouvoir
Malala Yousafzai
Malala YousafzaiMalala Yousafzai à Strasbourg en novembre 2013.
Données clés Naissance 12 juillet 1997
Mingora, Khyber Pakhtunkhwa (Pakistan)Nationalité Pakistanaise Pays de résidence Pakistan puis Royaume-Uni Profession Lycéenne Activité principale Militante pour l'éducation Distinctions Prix national pour la paix (Pakistan)
Prix Simone de Beauvoir (France)
Prix Sakharov (Parlement européen)
Prix Nobel de la paixAscendants Ziauddin Yousafzai (père) Malala Yousafzai ou Malala Yousufzai (en ourdou : ملالہ یوسف زئی) est une militante pakistanaise des droits des femmes1 née le 12 juillet 1997 à Mingora, dans la province de Khyber Pakhtunkhwa.
Elle a vécu à Mingora, principale ville du district de Swat, dans le Nord-Ouest du Pakistan, une zone proche de l'influence des talibans. Symbole de la lutte pour l'éducation des filles et contre les talibans, elle a reçu plusieurs distinctions pakistanaises et internationales à la suite de ses prises de position alors que sa région était l'objet d'une lutte entre les talibans pakistanais et l'armée.
Le 9 octobre 2012, elle est victime d'une tentative d'assassinat où elle est grièvement blessée, un attentat condamné par toute la classe politique du pays. Elle est transférée vers l'hôpital de Birmingham au Royaume-Uni le 15 octobre pour suivre un traitement plus poussé. Cette attaque conduit à une médiatisation internationale de Malala Yousafzai.
En 2014, âgée de 17 ans, elle obtient le Prix Nobel de la paix avec l'Indien Kailash Satyarthi, ce qui fait d'elle la plus jeune lauréate de l'histoire de ce prix2.
Sommaire
Biographie
Prises de position
Malala Yousafzai se fait connaître du grand public début 2009, à 11 ans, par son témoignage intitulé Journal d'une écolière pakistanaise, sur un blog en ourdou de la BBC. C'est son père, Ziauddin Yousafzai, propriétaire d'écoles de filles dans la vallée de la Swat, qui la pousse à témoigner3. Sous le pseudonyme de Gul Makai, elle dénonce les violences des talibans qui, après avoir pris le contrôle de la vallée de Swat en 2007, incendient les écoles pour filles et assassinent leurs opposants4,5. Elle apparaît alors en larmes dans une vidéo et dit vouloir devenir médecin. Lors de l'occupation talibane, sa famille quitte la région et se sépare. Elle sera de nouveau réunie en juillet 2009, après la seconde bataille de Swat.
Après la reprise de la vallée par l'armée pakistanaise, lors de la seconde bataille de Swat en mai 2009, elle est reconnue comme une héroïne et son nom est attribué à son école.
Son père est également connu pour ses prises de position anti-talibans et a soutenu une intervention de l'armée dans sa région. Le 10 décembre 2012, il est nommé conseiller spécial de l'ONU pour l'éducation.
Le 12 juillet 2013, à la tribune de l'ONU, Malala Yousafzai parle de l'accès à l'éducation pour les filles6. Elle y déclare notamment que « Les extrémistes ont peur des livres et des stylos. Le pouvoir de l'éducation les effraie. »7. Ce plaidoyer est salué par une standing ovation de l'assemblée8,9.
Tentative d'assassinat
Blessures et hospitalisation
Le 9 octobre 2012, elle est victime d'une tentative d'assassinat par des talibans du Tehrik-e-Taliban Pakistan à la sortie de son école1. Très grièvement blessée au cou et à la tête, elle est transférée à l'hôpital de Saidu Sharif, puis à l'hôpital militaire de Peshawar par hélicoptère de l'armée. Alors que son transfert à l'étranger pour subir des opérations est évoqué, l'hôpital militaire annonce le 10 octobre vers 17 heures que la balle qui a traversé son crâne et son cou a été retirée avec succès après cinq heures d'opération. Selon un médecin de l'hôpital, la balle a percé le crâne mais n'a pas touché le cerveau, alors que selon d'autres sources hospitalières, son cerveau a été affecté10. Malala restait alors inconsciente, et, vu son état préoccupant, l'armée précise qu'un avion se tient prêt à la transférer vers Dubaï. Le 11 octobre, elle est transférée dans l'hôpital militaire de Rawalpindi, mieux équipé11.
Le 15 octobre, elle est finalement transférée vers l’hôpital de Birmingham au Royaume-Uni à bord d'un avion médicalisé fourni par les Émirats arabes unis, accompagnée d'une délégation de militaires pakistanais. Les médecins britanniques et internationaux parlent d'un long chemin vers la guérison, et mettent en avant leur importante expérience concernant les blessés de guerre, puisque l’hôpital soigne les soldats britanniques grièvement blessés en Afghanistan12.
Le 3 janvier 2013 Malala a quitté l'hôpital Queen Elizabeth de Birmingham (en) afin de poursuivre sa rééducation à domicile, avant un éventuel retour pour une opération de reconstruction du crâne13.
Réactions au Pakistan
Le chef de l'armée pakistanaise Ashfaq Kayani ainsi que l'un des meneurs de l'opposition Imran Khan se sont notamment rendus à son chevet, de même que le Premier ministre Raja Pervez Ashraf14.
L'agression a été condamnée par le président Asif Ali Zardari, le gouvernement, le Parti du peuple pakistanais, parti au pouvoir et le principal meneur de l'opposition Nawaz Sharif15 ainsi que par Imran Khan, qui s'oppose par ailleurs à la lutte armée contre les talibans. Une fatwa provenant de 50 religieux du Sunni Ittehad Council a également condamné l'attaque16.
L'attaque a été revendiquée par le Tehrik-e-Taliban Pakistan qui a menacé de nouvelles attaques si elle survivait17. Des théories du complot se sont pourtant développées dans la société et sur Internet, impliquant une manipulation de la CIA18.
Enquête
Son agresseur s'est enfui après l'attaque et des recherches ont été lancées peu après. Le ministre de l'Information de la province de Khyber Pakhtunkhwa, Mian Iftikhar Hussain, annonce une récompense de 10 millions de roupies pakistanaises (soit environ 80 000 euros) pour toute personne aidant à sa capture11. Au 13 octobre, quatre suspects ont été arrêtés à Mingora.
L’organisateur de l’attaque et coparticipant a été identifié par la police comme un homme d'environ 30 ans et appelé Attaulah. Il a déjà été arrêté lors de la seconde bataille de Swat par l'armée et a été détenu en prison pendant trois mois, avant d'être libéré. Il serait aujourd'hui en fuite en Afghanistan, selon les autorités. Ces dernières identifient Maulana Fazlullah, chef du TNSM, comme en étant le commanditaire19.
Hommages et distinctions
En 2009, elle est nommée au prix international des enfants pour la paix de la fondation20,21.
Le 19 décembre 2011, elle reçoit le premier prix national de la jeunesse pour la paix du gouvernement pakistanais, des mains du Premier ministre Youssouf Raza Gilani. Elle évoque alors la création d'un parti politique. Cette distinction est par la suite renommée « prix Malala »22.
En décembre 2012, Malala Yousafzai reçoit le prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes 201323.
En septembre 2013, à Dublin, elle reçoit le prix le plus prestigieux d'Amnesty International, l'organisation de défense des droits de l'homme24.
Le 20 novembre 2013, à Strasbourg, elle reçoit le prix Sakharov pour la liberté de l'esprit du Parlement européen5,25,26.
La même année, elle est citée parmi les favoris pour le prix Nobel de la paix27 qui est obtenu par l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC)28. Avant l'annonce du prix, sur la radio pakistanaise City89 FM, la jeune femme disait elle-même : « Je n’ai pas accompli tant de choses que ça pour gagner le prix Nobel de la paix. »29. Lors de l'annonce du prix, dans un communiqué, elle félicite l'organisation : « L'OIAC est une organisation importante qui travaille sur le terrain pour débarrasser le monde des armes chimiques. Je voudrais les féliciter pour cette reconnaissance internationale bien méritée. »30.
Cette même année 2013, elle reçoit le Prix international de Catalogne.
Le 10 octobre 2014, le prix Nobel de la paix lui est co-attribué31,32.
Une icône médiatique
Dès 2013, le quotidien Le Monde souligne que Malala Yousafzai est devenue une véritable icône en Occident3. Dès son arrivée au Royaume-Uni, elle a bénéficié du soutien de stars internationales comme Angelina Jolie 33ou d'hommes politiques comme Gordon Brown. Son livre, Moi, Malala, je lutte pour l'éducation et je résiste aux talibans, est lancé dans 21 pays simultanément en octobre 2013. La presse et la télévision britannique et américaine lui consacrent alors des articles et des émissions. De fait, elle a été prise en charge gratuitement par une grande agence de communication britannique, Edelman, dans laquelle cinq agents travaillent pour elle à plein temps3.
Sa notoriété internationale suscite vite des polémiques dans son pays. Certaines voix au Pakistan dénoncent son « instrumentalisation » par des forces étrangères regrettant que Malala ne parle pas des drones américains tuant des enfants dans les zones pachtounes frontalières. Les sympathisants des talibans vont même jusqu'à dire qu'elle a été « kidnappée par les forces anti-islam en Occident ». À l'inverse, les libéraux pakistanais, minoritaires dans le pays, prennent sa défense. Ainsi la romancière Bina Shah s'indigne dans le quotidien Dawn que « les Pakistanais tendent à se retourner contre les personnes dont ils devraient être fiers »34. En octobre 2013, reçue à la Maison blanche, Malala demande à Barack Obama de cesser les attaques de drones dans les régions frontalières du Pakistan35,36.
Annexes
Articles connexes
Sources et bibliographie
- Notices d'autorité : Fichier d'autorité international virtuel • International Standard Name Identifier • Bibliothèque nationale de France • Système universitaire de documentation • Bibliothèque du Congrès • Gemeinsame Normdatei • Bibliothèque nationale de la Diète • WorldCat
- Christina Lamb et Malala Yousafzai, Moi, Malala, je lutte pour l'éducation et je résiste aux talibans, Calmann-Lévy, 2013, 390 p. (ISBN 9782702154243)
- (en) Rebecca Rowell, Malala Yousafzai : Education Activist, ABDO, 112 p. (ISBN 9781617838972, lire en ligne)
Notes et références
- « Malala, militante de 14 ans, survit par miracle à une attaque des talibans » [archive], sur Le Monde, 9 octobre 2012
- « Le prix Nobel de la paix attribué à la Pakistanaise Malala Yousafzai et à l'Indien Kailash Satyarthi » [archive], sur Libération, 10 octobre 2014
- Eric Albert, « Comment Malala Yousafzaï est devenue une icône » [archive], sur Le Monde, 11 octobre 2013
- (en)« Diary of a Pakistani schoolgirl » [archive], sur BBC News, 19 janvier 2009
- Hélène Sallon, « La jeune Pakistanaise Malala Yousafzaï obtient le prix Sakharov » [archive], sur Le Monde, 10 octobre 2013
- (en)« The text of Malala Yousafzai’s speech at the United Nations » [archive], sur A World At School, 12 juillet 2013
- « Malala à l'ONU : « Les extrémistes ont peur des livres » » [archive], sur Le Monde, 12 juillet 2013
- Louise Chabot, « Malala Yousafzai et l'accès à l'éducation des filles : une lutte mondiale » [archive], sur Le Huffington Post, 10 juillet 2013
- « ONU: vibrant plaidoyer de Malala Yousafzai en faveur de l'éducation pour tous » [archive], sur ONU, 12 juillet 2013
- (en)« Malala Yousufzai's brain damaged in Taliban attack in Pakistan, surgeon says » [archive], sur CBS News, 11 octobre 2012
- « Pakistan: la militante anti-taliban transférée dans un hôpital près d'Islamabad » [archive], sur L'Obs, 11 octobre 2012
- (en)« Bogus ‘family’ turned away from Malala’s UK hospital » [archive], sur The Express Tribune, 16 octobre 2012
- « La collégienne pakistanaise blessée par les talibans a quitté l'hôpital » [archive], sur Libération, 4 janvier 2013
- « Afghanistan : les élèves prient pour Malala, la jeune militante anti-talibans » [archive], sur Le Parisien, 13 octobre 2012
- (en) Malala Yousufzai in critical condition [archive] sur The News Tribe, le 9 octobre 2012.
- (en)Jon Boone, « Malala Yousafzai: 'fatwa' issued against gunmen » [archive], sur The Guardian, 12 octobre 2012
- (en)« If Malala survives, we will target her again : Taliban » [archive], sur The Express Tribune, 9 octobre 2012
- « Théorie du complot au Pakistan : Malala, créature de la CIA ? » [archive], sur Rue 89, 9 octobre 2013
- (en)« Malala's attacker was held, freed in 2009: Sources » [archive], sur The Express Tribune, 18 octobre 2012
- (en)« Kidsrights: International Childrens Peace Prize 2013 adwarded to Malala Yousafzai » [archive], sur Kids Rights International, 6 septembre 2013
- (en)« Malala Yousafzai, teen shot by Taliban, gets kids' peace prize » [archive], sur CBC News, 6 septembre 2013
- Sumera Khan, « National peace prize named after Malala Yousafzai » [archive], sur The Express Tribune, 20 décembre 2011
- « Le prix Simone de Beauvoir à la jeune Malala Yousafzai » [archive], sur TV5 Monde, 28 décembre 2012
- « La jeune Malala auréolée du plus prestigieux prix d'Amnesty International » [archive], sur RTL.fr, 17 septembre 2013
- « La jeune Pakistanaise Malala Yousafzaï reçoit le prix Sakharov » [archive], sur Le Soir, 20 novembre 2013
- Kahina Sekkai, « Malala décroche le prix Sakharov » [archive], sur Paris Match, 10 octobre 2013
- « Favorite pour le Nobel de la paix, Malala Yousafzai veut devenir femme politique » [archive], sur Le Monde, 7 octobre 2013
- Faustine Vincent, « Nobel de la paix à l'OIAC: «Ce prix récompense un travail mené discrètement depuis des années» » [archive], sur 20 Minutes.fr, 11 octobre 2013
- « Les favoris du Nobel de la paix (cherchez l'intrus) » [archive], sur Libération, 10 octobre 2013
- « Nobel de la paix : Malala félicite l'OIAC » [archive], sur Le Figaro.fr, 11 octobre 2013
- Nathalie Lacube, « Malala Yousafzai, 17 ans, un Nobel pour les droits des enfants » [archive], sur La Croix, 10 octobre 2014
- Kahina Sekkai, « Malala reçoit le prix Nobel de la Paix » [archive], sur Paris Match, 10 octobre 2014
- « L'hommage d'Angelina Jolie à Malala » [archive], sur Gala, 5 avril 2013
- Frédéric Bodin, « Malala : « Je veux l'éducation pour les fils et les filles de tous les terroristes » » [archive], sur Le Monde, 10 octobre 2014
- « Malala reçue par les Obama » [archive], sur Paris Match, 12 octobre 2013
- « Malala Yousafzaï accueillie à la Maison-Blanche » [archive], sur La Presse.ca, 11 octobre 2013
Liens externes
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